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Death.Ignition - Retour à l'accueil

Temps de lecture 3-4 minutes

Voilà de multiples lunes - 480 exactement - que je cherche quoi répondre à la question la plus conne du monde mais qui est une vraie obsession chez les neurotypiques: Et toi tu fais quoi dans la vie?

Lassé de répondre autant de fois que demandé: qu'est-ce que ça peut te foutre?

Non, en vrai j'ai longtemps cru que la réponse intéressait la personne demandeuse alors que c'est juste une entrée en matière qui sert à se positionner dans le jeu social - un truc auquel je ne comprends rien. Du coup je me tordais les boyaux du cerveaux pour être le plus pertinent et le plus précis possible et j'aboutissais toujours à la même réponse insatisfaisante: musicien. Ou, DJ...

Au début de ma vie d'adulte, je répondais turntablist...et c'était pire que de répondre: qu'est-ce que ça peut te foutre?

Parce que cette dernière réplique aurait mis fin à mon supplice en vexant le/la demandeur.euse importun.e.

Supplice dans tous les cas parce que la plupart des gens pensent savoir à quoi se réfèrent les termes musicien et DJ, alors qu'en vrai les gens sont pétris de préjugés sur à peu près tout. Et n'en ayant pas conscience ou s'en foutant au choix, donnent leur avis sur à peu près tout sans la moindre gène.

Je déteste être obligé de remettre les gens à leur place même avec diplomatie, surtout quand ils m'expliquent ce que je suis d'après ce qu'ils croient savoir de quelque chose. Ça me met mal-à-l'aise. Je ne suis pas sur Terre pour faire leur éducation et s'ils ne sont pas capables de la faire eux-mêmes, qu'au moins ils fassent preuve d'humilité. Ne pas savoir est normal, surtout dans des domaines aussi peu courants que le mien. Mais non...

Mais eureka! Je pense avoir enfin trouvé une définition correcte de mon activité en tant que travailleur du son.

Je ne suis ni un musicien et encore moins un DJ.

Je suis un architecte du son qui s'inscrit dans le mouvement du déconstructivisme. Je ne compose pas, je combine des sons et des séquences - des unités sonores - déjà produites à la chaîne par l'industrie culturelle, et je mélange tout ça à l'aide d'un liant, un art, que j'appelle hypermix ou encore hypercollage.

Je fais d'un matériau brut et vulgaire, un produit fait pour des cerveaux disponibles et passifs - au travers des playlists Spotify, par exemple - une oeuvre d'art à part entière chargée d'émotions et nécessitant une écoute active pour être comprise. Et surtout absolument pas consensuelle.

En tant que producteur non contraint éloigné des process du productivisme, je suis un enfant illégitime de Derrida et du postmodernisme.

Ha ben fallait pas poser la question. Maintenant démerde-toi avec ça.

Texte diffusé sous Licence Art Libre


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